Les inégalités sociales d’accès aux soins en Algérie

Abstract

Cette recherche se propose d’explorer les contraintes multiples (sociales, économiques et géographiques) entravant l’accès aux soins en Algérie. Pour ce faire, nous avons entrepris une enquête de terrain auprès d’un échantillon de 320 ménages (correspondants à 1567 personnes) de la wilaya de Béjaïa. Une analyse multivariée par régressions logistiques binaires a été menée dans le but d’identifier et de tester les associations entre les déterminants multiples de l’utilisation des services de santé et du renoncement aux soins. S’agissant de l’utilisation des services de soins, il ressort de cette étude un recours différentiel aux médecins (généralistes et spécialistes) selon le sexe, l’âge et la taille du ménage. En outre, la couverture assurantielle et la région de résidence ont un effet significatif sur le recours aux médecins généralistes. Le recours aux spécialistes, quant à lui, est corrélé positivement avec le fait d’avoir une ou plusieurs maladies chroniques. Par ailleurs, nous avons pu hiérarchiser les principaux facteurs de risque intervenant dans la décision de renoncement selon le type de soins. Il ressort ainsi que les caractéristiques socioéconomiques des enquêtés (revenu du ménage, difficultés financières au cours des douze derniers mois, taille du ménage…) ont un effet significatif, et ce pour tout type de soins. D’ailleurs, l’obstacle financier représente à ce propos près de la moitié des motifs de renoncement cités par les répondants. Paradoxalement, la couverture sociale n’a aucune influence sur le risque de renoncement aux soins. En outre, le lieu de résidence ressort également comme un déterminant majeur du renoncement aux soins spécialisés. Aussi, le renoncement aux analyses de laboratoire/imagerie médicale est plus fréquent pour les personnes atteintes d’une maladie chronique. Enfin, les déterminants démographiques ont un impact différencié selon le type de soins, à l’exception notable de la variable "genre".