Abstract:
La pré-éclampsie sévère représente la deuxième cause de décès maternels dans le monde et en Algérie et une des premières causes de morbi-mortalité périnatale.Le seul traitement curatif reste l’arrêt de la grossesse et l’extraction du fœtus et du placenta. Sa prise en charge est multidisciplinaire.pour évaluer principalement le rôle du médecin anesthésiste-réanimateur dans cette prise en charge,nous avons mené une étude prospective observationnelle monocentrique au CHU de Béjaïa sur une période de 18 mois (du 1 er décembre 2017 au 31 mai 2019) incluant 381 patientes
hospitalisées pour pré-éclampsie sévère.
L’incidence de celle-ci était de 2,54 % de toutes les grossesses hospitalisées durant la période d’étude. Les complications maternelles les plus fréquemment observées étaient: l’HTA sévère (86 %), l’atteinte rénale (40 %), la thrombopénie <100 G/l (23%), la cytolyse hépatique (14 %), le HELLP syndrome (8,7 %), l’HRP (6,8 %) et l’éclampsie (4,2%). Nous avons observé un seul décès maternel (0,26 %). Les complications fœtales et périnatales ont été le RCIU (17,41%),l’oligoamnios (12 %), les anomalies du doppler (12 %) et du RCF (4 %), la MFIU (11 %), la prématurité (66 %), le petit poids de naissance (46,27 %) et le décès néonatal (6,42 %).L’accouchement a eu lieu par voie haute (césarienne) dans 70 % des cas et le choix de la technique anesthésique dépendait de l’urgence de l’extraction et de la qualité de l’hémostase. L’ALR est la technique de choix (la rachianesthésie étant une excellente alternative à l’anesthésie épidurale). L’AG s’impose toutefois dans les situations d’urgence maternelle ou fœtale extrême et de troubles de l’hémostase. L’analgésie péridurale pour le travail offre un excellent confort de la patiente et un meilleur contrôle d’une HTA sévère. La rachianalgésie est une bonne alternative en cas de travail avancé et surtout en cas de MFIU.
Le médecin anesthésiste-réanimateur avait intervenu dans la mise en route du traitement anti-hyper tenseur et de la
surveillance maternelle, le diagnostic et traitement des complications, l’organisation de transferts, la prise en charge anesthésique, la gestion des pathologies intercurrentes et des transfusions et la réanimation du nouveau-né.
L’apport du médecin anesthésiste-réanimateur a été primordial à toutes les étapes de la prise en charge des formes sévères de PE en concertation avec une équipe multidisciplinaire. La PE sévère reste un problème de santé publique dans notre pays et des efforts restent à réaliser afin d’améliorer le pronostic maternel et périnatal et doivent cibler l’amélioration des compétences du personnel soignant et du plateau technique.