Abstract:
L’objectif de cette étude est l’évaluation du degré de bio-contamination du sol agricole, de l’eau utilisée pour l’irrigation ainsi que le fumier par des bacilles à Gram négatives résistants aux carbapénèmes, à la colistine et aux métaux lourds.
Des prélèvements de sol, d’eau d’irrigation ainsi que du fumier ont été effectués au niveau de 08 productions agricoles situées dans la wilaya de Bejaia, Bouira, Boumerdes et Jijel. Les prélèvements de sol et de fumier ont été effectués en prélevant 1Kg dans différents endroits de la parcelle. Egalement, l’eau utilisée pour l’irrigation a été prélevée à raison de 1L puis filtrés sur une membrane stérile en nitrate de cellulose. Après enrichissement, un criblage des bacilles à Gram négatives sur bouillon Carba MTL et sur gélose additionnée de colistine a été réalisé. L’identification a été réalisé par l’usage du chromagar orientation puis confirmer par l’usage des tests biochimiques. La sensibilité des souches aux antibiotiques a été réalisée sur gélose Mueller Hinton selon les recommandations du EUCAST CA-SFM (2023). La production de BLSE a été déterminée par le test de synergie et le phénotype de résistance aux métaux lourds par la détermination des CMIs.
Trente-sept souches d’entérobactéries ont été isolées à partir des différents compartiments de l’environnement agricole. 17 souches ont été isolées à partir du sol, 18 souches à partir de l’eau d’irrigation et 2 souches à partir du fumier. L’étude de la sensibilité de ces souches à montrées que 13 souches étés résistantes aux carbapénèmes (02 E. coli, 08 Enterobacter sp, 02 K. oxytoca et 01 K. pneumonia) et 24 souches étés résistantes à 0.4%g/ml de colistine (02 K. oxytoca et 22 Enterobacter sp). La présence d’une image de synergie a été observé uniquement chez une souche de K. pneumonia et une souche de K. oxytoca isolées à partir de l’eau de puits utilisée pour l’irrigation des cultures au sein d’une même exploitation à Aoukas. Toutes les souches ont montré une résistance à tous les métaux lourds à l’exception d’une souche Enterobacter sp. Résistante à la colistine isolée d’un sol de Jijel qui a été sensibles à une forte concentration de plomb. Les CMI variaient de 100 à 800 mg/mL pour le cuivre, le cadmium et le zinc, et de 800 à 3 200 mg/mL.
Ces résultats soulèvent de sérieuses inquiétudes en matière de santé publique et de sécurité alimentaire, car les légumes cultivés dans ces agroécosystèmes contaminés pourraient fortement servir de réservoir à ces bactéries multirésistantes et contribuer à l’augmentation de l’émergence des épidémies d’origine alimentaire ainsi que la diffusion de l’antibiorésistances dans les environnements naturels et dans nos assiettes.