The organisation of port space at Iol- Caesarea Mauretania: A reconstruction through archaeology and environmental history

L’organisation de l’espace portuaire de Caesarea Mauretania : Une reconstitution entre archéologie et histoire environnementale

Résumé

La plus emblématique des cités antiques de l’Algérie Caesarea Mauretania, voit son espace portuaire se développer, passant d’un simple noyau maritime de l’agglomération d’Iol, à une imposante entité architecturale, espace de convergence économique, culturelle et politique, de la capitale royale de Maurétanie, puis d’une province romaine, ensuite Byzantine, avant qu’il ne retombe en ruine, reconquis par la nature. L’implantation de ce port majeur sur un site aussi contraignant qu’une falaise, dominant une baie exposée aux vents du nord et du nord-ouest, interroge le choix des sociétés antiques sur l’implantation et le maintien d’un tel complexe, malgré un littoral algérien majoritairement abrupt et hostile.

Cette étude vise à comprendre l’interaction entre l’activité humaine et le milieu naturel, ainsi que leur adaptation architecturale et conceptuelle, mais aussi à analyser les stratégies d’ajustement déployées pour concilier les impératifs économiques inhérents au statut de l’antique cité, avec les défis d’un environnement instable, en identifiant les réponses techniques et structurale qui ont permis de pérenniser son activité malgré les aléas naturels, climatiques et historiques.

Cet article propose une reconstitution de l’organisation et de l’évolution de cet espace portuaire à travers une approche croisant archéologie, géographie et histoire environnementale, qui mobilise l’analyse archéologique des structures portuaires identifiées depuis le XIXᵉ siècle, dont les bassins, les jetées et le phare hellénistique mais aussi son extension terrestre, à travers les études du génie militaire et des rapports de fouilles, mais aussi avec les rares, mais précieuses, observations sous-marines effectuée avec l’introduction du scaphandre autonome, et de l’archéologie spatiale initiée par Jean BARADEZ, qui étudia l’identification aérienne et l’organisation des structures. D’un autre côté, l’étude géomorphologique apporte une vision sur les transformations littorales, dont la reformation du tombolo médiéval, ainsi que l’évolution bathymétrique à partir de carottages sédimentaires anciens effectuées dans les années 90 et de cartes historiques des services hydrologiques entre 1871 et 2024. Enfin la contextualisation historique via les sources antiques dont le Pseudo-Scylax, Strabon et Pomponius Mela, permet d’apprécier le potentiel topographique que présentait le site de Cherchel aux yeux de la communauté antique, et de le remettre dans son environnement historique.

Les résultats démontrent que l’expansion du port, depuis le noyau initial d’Iol jusqu’à la monumentalité romaine, a répondu à une logique d’adaptation continue. Les jetées romaines, orientées pour contrer les courants dominants, réduisaient l’ensablement des chenaux et offrent un espace d’accostage sécurisé pour les navires, tandis que des dragages réguliers maintenaient une profondeur fonctionnelle dans le bassin ouest. L’abandon progressif du site, marque la fin de cette symbiose entre innovation technique et résilience environnementale.