La crise de Suez en 1956 Un révélateur des erreurs géostratégiques françaises en Méditerranée orientale
Résumé
Quand la France décide d’intervenir militairement à Suez en 1956, l’objectif est de rouvrir le canal, d’abattre Nasser et de freiner le soutien apporté au FLN algérien. Mais l’armée française n’est pas préparée pour ce type d’opération, la plus importante depuis la Seconde Guerre mondiale. Elle doit projeter un corps d’armée mécanisé à 3 000 kilomètres de la métropole. Mais elle ne possède pas les outils adéquats pour atteindre cet objectif : aucune base avancée en Méditerranée orientale, aucune force d’intervention rapide, aucune doctrine logistique pour une opération extérieure ponctuelle, des navires de guerre en mauvais état. L’armée française crée de toutes pièces une force expéditionnaire et un plan d’attaque, véritable copie conforme à l’opération Overlord en Normandie douze ans plus tôt. Mais sous la pression internationale et la menace nucléaire, les Français, sans avoir atteint leurs objectifs, sont contraints d’accepter un cessez-le-feu qu’ils n’ont ni préparé ni anticipé. La campagne de Suez, d’ordinaire considérée comme une victoire militaire, est en réalité une impasse doctrinale pour la France. Elle s’y engouffre sans avoir la marge de manœuvre nécessaire en raison de capacités logistiques inexistantes pour projeter rapidement une force aussi importante.
Mots-clés : Suez, logistique, opération militaire, Méditerranée, guerre froide, bases militaires
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