La contribution des rituels d’ancestralisation des défunts patriarches à la pérennisation de l’orchestre funéraire dom chez les Beké et Bekpak du Mbam au Cameroun (1800-2022)

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Résumé

Les ancêtres Beké et bekpak sont les descendants tikar. Ils ont quitté le royaume Bamoun à cause des raids du roi Nsharé et ont atteint la plaine du Mbam en 1650. Ils ont su exploiter les ressources ligneuses, pédologiques et atmosphériques pour produire l’orchestre funéraire dom.  Les rafles esclavagistes bati-yalongo (1830-1893), les exactions coloniales (1907-1933) et les doctrines judéo-chrétiennes (1924-1944) ont essayé de fragiliser l’orchestre funéraire dom. Depuis l’avènement des religions révélées en Afrique, l’identité religieuse endogène a connu des perturbations. Les missionnaires ont cherché à convaincre les Beké et Bekpak de leur idolâtrie et du besoin d’être éclairé par la lumière de l’Occident. Ils ont jugé incompatibles les danses africaines avec la morale chrétienne. Selon leur conception, les danses rituelles funéraires sont l’apanage de l’animisme. Les participants aux cadences dom étaient taxés de jeteurs mystiques des mauvais sorts. Le système doctrinal conçu par les messagers de la foi judéo-chrétienne voulait formater les savoirs cultuels traditionnels. Toutefois, les rituels d’ancestralisation pratiqués à l’endroit des défunts patriarches ont contribué à la sauvegarde de l’orchestre funéraire dom. L’enjeu de cet article est d’étudier les propriétés des pratiques funéraires d’ancestralisation dans la pérennisation des sonorités dom chez les Beké et Bekpak. De quelle manière la dynamique des rituels d’ancestralisation a-t-elle conservé la vitalité de l’orchestre dom? Pour ce faire, l’écologie culturelle étudie les réalités socio-historiques qui concourent à la production des rituels d’ancestralisation et à la protection de l’orchestre funéraire dom. L’ethnomorphologie analyse l’importance de la complémentarité des ritualités funéraires et des cadences dans la perpétuation des arts acoustiques dom chez les Beké et Bekpak. La démarche méthodologique adoptée est de type hypothético-déductif et pluridisciplinaire. Les descentes sur le terrain ont été effectuées de mai 2015 à janvier 2019. Le guide d’entretien a permis de mener des enquêtes orales auprès de vingt-deux personnes ressources dont l’âge moyen est de soixante-dix-neuf ans. Durant les séjours, nous avons enregistré et photographié les pratiques funéraires. La partition endémique des bandes audio et visuelles, le décryptage des clichés et l’observation participative ont contribué à la formulation des hypothèses de recherche. Les fiches de lectures ont participé à la collecte des données écrites dans les bibliothèques et sites internet. Dès lors, les exploitations des sources orales et écrites, et bandes audio-visuelles ajoutées aux approches hypothético-déductive et diachronique amènent à affirmer que les rituels d’ancestralisation des défunts patriarches ont servi de creuset à la production de la danse funéraire dom. L’interdépendance des rituels et sonorités conditionne la protection de l’orchestre funéraire.

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Publiée

2025-07-08

Comment citer

EDONG, . L. S. (2025). La contribution des rituels d’ancestralisation des défunts patriarches à la pérennisation de l’orchestre funéraire dom chez les Beké et Bekpak du Mbam au Cameroun (1800-2022). La Revue d’Histoire Méditerranéenne, 7(1), 291–303. Consulté à l’adresse https://univ-bejaia.dz/revue/rhm/article/view/626

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